Nimen hao, ou plutôt Tachi Delek, puisque j'ai changé de langue,
Réveil avec le soleil et les klaxons tonitruants. Le mal de gorge que je traîne depuis quelques jours me semble persistant, alors je me décide a prendre les antibios à large spectre que je trimballe avec moi.
Pour ceux qui en auraient besoin un jour, les pastilles contre la toux s'appellent ici du givre de pastèque (xiguashuang, pastèque se disant dejà melon occidental...). C'est pas plus boétique que Pulmoll, ca ?
Vu du cordyceps pour la 1ère fois dans le bouiboui ultra poussiéreux en face de mon Auberge où je me suis fait un plaisir d'aller fouiller.
Bon, j'ai pas demandé le prix, sachant que celà vaut des fortunes.
Ce champignon qui est parasité par un insecte, ne se ramasse qu'au dessus de 4000 mètres et est censé être un médicament miracle et guérir beaucoup de maladies, dont le cancer (à prendre avec toutes réserves). Sa récolte et sa vente sont en train de bousculer tout l'équilibre financier et économique des populations nomades tibétaines qui tendent à abandonner leur mode de vie pastoral pour se consacrer uniquement à la vente plus que juteuse de ce champignon.
Ce matin, j'ai décidé d'aller voir le village qiang de Zhonglu (prononcer Tchon'lou = La Route du Centre), decrit comme le paradis sur terre par des blogs de routards.
Il se trouve a 15 km a l'est de Danba. J'ai trouvé un minivan qui m'a emmenée avec 2 paysannes qui s'y rendait aussi, pour 30 yuans aller et retour (3,60 euros).
On y accède par un petit chemin de terre bien défoncé et plein de virages, qui grimpe a 2500 mètres. Le trajet est cahotant mais abolument charmant. Le chemin est bordé de petits murets de pierres sèches qui retiennent toutes sortes de cultures et est ombragé par des noyers, des acacias en fleurs, des mûriers pleins de fruits...
En fait, il ne s'agit pas vraiment à proprement parler d'un village, car les maisons sont séparées et étagées le long de la montagne.
On les rejoint par des tous petits chemins non carrossables, où on s'essouffle un peu, car ça grimpe et où je croise une ou deux vaches.
Ici, le peu d'animaux d'élevage (vaches, chèvres et petits cochons noirs) se baladent sur les routes et paissent sur les bas-côtés. Parfois, ils sont couchés au milieu de la route.
L'air est très pur, on est juste dans les chants d'oiseaux et le cris des enfants de la petite école qui répètent en choeur. Le soleil tape fort. Mais quel bonheur d'être au calme, seule sans une horde de touristes chinois tonitruants et de pouvoir aller où bon me semble, en pleine campagne.
Je demande à cette paysanne de me faire entrer dans sa maison, et en montant l'escalier de bois, je peux voir les tours de guet, plus haut vers les sommets.
Elle est toute fière de me montrer sa réserve de maïs et de piments qui sèche à la façade de sa jolie maison et son four solaire, à l'extérieur.
Les maisons qiang sont grandes, en général sur 3 étages avec terrasses, balcons et tours. Le rez-de-chaussée est l'étable et les 2 autres étages constituent l'habitation. Elles sont faites en pierres plates, sans ciment et sont particulièrement solides puisqu'elles ont résisté aux tremblements de terre récurrents dans ces vallées. En particulier, les tours sont tres anciennes, elles ont plus de 1200 ans et sont toujours debout.
Que je vous parle brièvement de l'ethnie des Qiang, puisque c'etait le 6 ème et dernier but de mon voyage de cette année.
Cette ethnie constitue un tout petit groupe (300 000 personnes) qui vit parmi les tibétains, les hans et les huis. Ils ont une langue orale très particulière, d'origine tibéto-birmane, mais pas de langue écrite.
Il s'agit d'un peuple qui vit de la culture de la terre, le maïs, l'orge, le millet, les pommes de terre. Comme vous pouvez le constater nous ne sommes plus dans la civilisation du riz, mais dans celle de l'orge, ici. Ils sont animistes et vénèrent les pierres blanches qui sont placées sur le toit de leurs maisons et qui les protègent du mauvais temps. Certains ont adopté la religion lamaiste tibétaine.
Ce sont aussi des architectes et constructeurs hors pair. Ils sont habiles pour adapter leurs constructions aux terrains. On peut ainsi voir des constructions très haut perchées, au bord des falaises rocheuses où on accède par des ponts de bambous qui surplombent des torrents plus que furieux.
Lequel de ces ponts auriez-vous choisi pour rapporter vos courses a la maison ? Le pont en bambous ou le tronc d'arbre au ras de l'eau ?
Ils ont toujours entretenu des échanges économiques importants avec leurs voisins le Tibet et la Chine, ce qui leur a valu une paix durable et un respect entre ces 3 peuples.
J'ai pu crapahuter le long des petits chemins, en allant de maison en maison pendant 1H1/2.
Jetez un coup d'oeil au magnifique magnolia en fleurs devant cette maison.
Mon mini-van m'attendait. De retour a l'Auberge, la mère aubergiste m'a proposé que son frère m'emmène a Maoniugou (= La Vallée des yaks) a 60 km de là. Me voilà donc repartie, après avoir avalé une soupe de nouilles aux légumes qu'elle m'a préparée en vitesse.
Très bonne initiative qu'elle a eut là. La route a traversé plusieurs groupes de maisons, puis a commencé a grimper dans les montagnes le long de torrents et de chutes d'eau.
La végétation était magnifique, forêt de conifères et de grands rhododendrons en fleurs, dans le bruissement des cigales. Et oui, il n'y en n'a pas qu'en Provence de ces petites bêtes.
Il s'est arrêté pour déjeuner dans une maison amie et j'en ai profité pour faire une petite randonnee d'1H au bord du torrent.
Je suis émerveillée de la végétation que je croise ici. Par exemple les talus sont couverts d'anémones du Japon, pas encore en fleurs, malheureusement. Ici, elles poussent comme du chiendent, alors que c'est une plante relativement peu connue chez nous.
On a continué à monter de plus en plus, et, au detour d'un virage, il nous est apparu : le Yala shan (= Montagne bien dessinée), tout brillant de neige.
5820 metres, quand même.
Le voilà, bien protégé des coups du sort par tout un amas de drapeaux de prières. Et puis, ici, de plus près.
Au retour, je me suis arrêtée dans Danba pour acheter des yaourts, because les antibios.
La rue unique fourmillait de monde et j'avoue que sa population m'a reconciliée avec cette ville sans attrait.
Les femmes de cette vallée portent de tres jolies tenues brodées, des coiffes également en tissu brodé et ornées d'une tresse postiche sur laquelle elles enfilent de grosses bagues d'argent portant du corail ou des turquoises. Des pompons aussi et de jolies bijoux d'argent, turquoises et corail.
Peu d'entre elles ont accepté d'être photographiées. En voici quelques unes qui ont bien voulu.
Il y a des magasins de couture ou l'on réalise des vêtements ethniques magnifiques, des vestes, jupes plissées, coiffes etc.
Et j'ai, ENFIN, pu trouver la jolie tenue que j'ai promis de rapporter a ma petite-fille. Elle est realisée à la main dans un très joli brocart de belle qualité. Alors que tout ce que j'avais vu auparavant en pays Miao était en mauvais tissu et était de la confection.
Je ne l'ai pas prise en photo pour qu'elle ait la surprise, j'ai juste fait un portrait de la couturière en train de coudre les fixations sur la jupe. Je suis contente aussi que le travail artisanal de cette dame soit recompensé. Elle était toute heureuse de savoir que sa tenue partirait en France.
A l'entrée du magasin, la grand'mere filait. Look le gilet de travaux orange fluo, bien assorti à la coiffe et à la jupe... Derrière elle, les jupes plissées.
Je mettrai plus de photos de vêtements demain, car ma rubrique du jour est dejà bien longue.
Sur ce, je vous laisse, car après toutes ces promenades, j'ai besoin de repos.
Zaijian a tous.